mardi 10 avril 2007

Uniformisation culturelle-Idées

Uniformisation ???

La musique rap, les danseurs de tango à Paris, Céline Dion à la radio de Pékin, les Inuits qui suivent Dynastie ou Dallas à la télé, la disparition des costumes "folkloriques" au profit d’une mode vestimentaire universelle, la disparition des langues ou la planète entière qui boit du Coca-Cola, tous ces phénomènes sont associés à ce que l’on appelle la mondialisation de la culture.
Dans un monde où les frontières s’ouvrent de plus en plus sous les pressions de la mondialisation de l’économie, la préservation des diversités culturelles suscite des réactions contrastées.
Pour les uns, il faut s’ouvrir sur le monde et cesser de vouloir protéger à tout prix un folklore dépassé. Pour d’autres, la menace d’un impérialisme américain est réelle et les politiques de protection culturelle sont nécessaires.
Alors faut-il ou non protéger les cultures nationales ? Mais surtout comment les protéger ? Aujourd’hui, la culture se limite-elle à un territoire, une langue, un héritage culturel ?
La mondialisation de la culture est-elle synonyme d’américanisation ? Représente-t-elle une menace réelle ou imaginaire ?
Sans mesures de protection, risquons-nous de devenir tous identiques ? Vivrons-nous dans un monde unifié, avec une "pensée unique", selon l’expression d’Ignacio Ramonet, directeur de la rédaction du Monde diplomatique?
La prédiction d’un monde uniformisé sur le plan des valeurs et des idées, sans frontières, tel que l’avaient prédit les philosophes du siècle des lumières pourrait-elle se réaliser ?


Une brève histoire de la mondialisation de la culture…

Pendant des millions d’années, les groupes d’humains étaient dispersés sur d’immenses territoires et n’avaient pas d’autres moyens de communication que les jambes et la voix. Ils avaient développé une extraordinaire diversité culturelle ( jeux, danses, langues, religions, habitudes alimentaires, vestimentaires… )
Avec la création des villes il y a environ 5000 ans et le début des grands échanges marchands, il s’établit un échange culturel plus important entre les sociétés. Toutefois, les moyens de communication et de transports sont limités et les particularités culturelles mettent beaucoup plus de temps à circuler.
Une situation historique nouvelle apparaît lorsque les révolutions industrielles dotent les pays développés de machines à développer des produits culturels et de moyens de diffusion de grande puissance. Déjà, dès le 18e siècle, les philosophes avaient prédit une tendance irréversible vers l’uniformisation des cultures.
Au cours des deux derniers siècles, la prédominance de l’État nation à travers le monde et les barrières économiques protectionnistes auront pour effet de protéger par ricochet les cultures nationales.
C’est donc seulement à partir des années cinquante que l’humanité entre dans l’ère de la mondialisation. Pour être plus concurrentiels sur les marchés internationaux, les États ouvrent leurs frontières et les multinationales se développent. L’échiquier mondial de la culture subit également des bouleversements à mesure que les pays asiatiques remettent en question l’hégémonie de l’Occident dans les domaines scientifiques et commerciaux.
La compétition dans tous les domaines devient mondiale. S’ajoutent à ce nouveau contexte les médias, qui, grâce au réseau de satellites, se mondialisent à leur tour. Le terme d’industries culturelles fait son apparition (en 1947).
Avec la mondialisation et surtout l’importance nouvelle des moyens de communication de masse, une donnée fondamentale a changé. Autrefois, on parlait volontiers de cultures nationales fortes auxquelles, on était naturellement porté à emprunter des coutumes ou des habitudes alimentaires qui s’imposaient comme les plus intéressantes. Aujourd’hui, ce sont surtout les nations qui possèdent la technologie (cinéma, télévision), qui imposent le plus facilement leurs valeurs et leurs cultures. "Nous sommes passés d’un phénomène d’emprunts à un phénomène d’imposition", déclare ainsi Jean-Claude Guédon.